Cherche profs désespérément
Une analyse de Hugues Croibien
Publiée le 16/09/2025

 L’enseignement fait partie d’un secteur qui rencontre de nombreux changements depuis plusieurs années. Entre des décrets qui modifient son administration globale, la concurrence entre les écoles, les différents pouvoirs organisateurs (communément appelés PO) et le manque de valorisation générale ; force est de constater que le métier n’attire plus.

Depuis l’arrivée d’un nouveau gouvernement, les diverses réformes proposées ne vont pas dans le sens d’un apaisement ni d’une volonté de repenser le système scolaire dans son ensemble. On espère que les groupes de travail qui s’affairent à trouver des solutions à ce problème de pénurie vont pouvoir accoucher de recommandations sérieuses.

Hugues est à la fois père et ancien instituteur primaire. Cette double « identité/casquette » et son expérience douloureuse dans le monde de l’enseignement lui a donné envie de partager son vécu mais aussi quelques idées pour changer l’école. Ce n’est pas en maltraitant les professeurs que l’on donnera envie aux élèves d’apprendre. C’est tout un système qu’il faut changer, dans sa philosophie et son organisation.

Papa prof

Je suis l’heureux papa de deux élèves de l’enseignement secondaire de la Fédération Wallonie Bruxelles (FWB), et je constate, comme beaucoup d’autres parents, la pénurie d’enseignant·es. De P’pa, mercredi je commence à 10h30  à aujourd’hui j’ai encore eu deux heures d’études  en passant par ben en math, je sais pas ce qu’on doit étudier, on n’a plus cours depuis novembre, les témoignages de première ligne pleuvent à la maison. Au-delà des problèmes logistiques liés aux transports pendant ces heures vides, les parents doivent palier à ces absences, et donc, trouver des solutions pour (re)voir un certain nombre de choses avec les enfants. Les inégalités entre les familles sont alors encore plus criantes ; certains allant même jusqu’à payer les services d’un prof particulier. Et c’est sans parler des problèmes que cela engendre pour l’ensemble du corps enseignant qui doit s’adapter.

Alors quoi, on rechigne à devenir prof ? A le rester ? M’enfin… Je ne comprends pas… 26h par semaine, c’est quand même pas grand chose. Puis vous êtes bien payés non ?  Trève de sarcasme, je vous dois la vérité. J’ai été instituteur primaire pendant plus de 14 ans et après un burn out professionnel, j’ai décidé de changer de cap.

Mais alors, pourquoi y a-t-il pénurie ? Si l’on demandait à une Intelligence Artificielle, elle nous répondrait probablement que les raisons sont multifactorielles, en citant préalablement un agrégat de facteurs pêchés dans les centaines d’articles tels que les salaires insuffisants, les conditions de travail difficiles, le stress, l’absence de reconnaissance, le fameux « manque d’attractivité » de la fonction et de sa formation, sans compter la motivation déclinante des élèves et les problèmes de discipline. Tout cela avec sa froideur et son air de ne pas y toucher habituels.

Énergie solitaire

Mon expérience commence au début des années 2000 à Liège. J’ai très vite compris ce que signifiait « temporaire non prioritaire » : un
« bouche trou » qui remplace les profs malades, fatigués. On subit ce que Sandrine Lothaire, docteure en sociologie de l’éducation, appelle « le report de la précarité professionnelle sur les jeunes ; la stabilité de l’emploi des enseignants nommés se fait au détriment des jeunes, engagés sur des temps partiels, des remplacements, des horaires en gruyère, contraints à multiplier les classes. Les jeunes enseignants sont une variable d’ajustement ; la précarité professionnelle est reportée sur eux ». [1].

En effet, ballotté de classe en classe, d’école en école, sur 9 ans de remplacements effectués et entrecoupés de périodes de chômage, je n’ai jamais eu l’occasion d’être titulaire à part entière. Loin de moi le besoin de m’approprier quelque chose pour me sentir bien ; être seul à la barre d’une classe signifie, à mon sens, prendre le temps de rencontrer chacun·e, de proposer un ou des projets à long terme, de construire des habitudes et des routines, bref, ce temps long nécessaire à la construction de vrais rapports sociaux. Car à l’évidence, il s’agit d’abord de ça ; être en rapport avec des enfants ou des adolescents et de construire des choses ensemble.

Dans le cadre de mes études, j’ai eu la chance de rencontrer une professeure de pédagogie qui m’a donné l’envie d’enseigner un peu autrement. Cette dame faisait partie d’un groupe qui a mis en œuvre la pédagogie Freinet au sein de la ville de Liège. Elle avait, en outre, le don d’ouvrir les œillères pour pratiquer l’enseignement de manière alternative. Mon enthousiasme était tel que j’avais suivi auprès d’elle une année complémentaire de formation continue en « pédagogie alternative », convaincu, à l’époque, de son bien fondé. Trouver d’autres manières d’enseigner que celles que l’on a connues, que l’on a subi, celles dont le qualificatif de « traditionnelles » ne masque que maladroitement le manque d’adaptabilité aux réalités diverses et contemporaines de l’enseignement dans des écoles fragiles, m’aidait à donner du sens à mon projet professionnel.

La « pédagogie Freinet » en 9 points :

  • Le tâtonnement expérimental : l’élève apprend grâce à l’expérimentation et non par la reproduction de ce qu’on lui inculque.
  • Un rythme d’apprentissage individualisé : la pédagogie Freinet porte une attention particulière au rythme d’apprentissage de chaque élève.
  • L’autonomie favorisée : en élaborant son propre planning hebdomadaire, l’élève se prend naturellement en charge, développe son autonomie et se responsabilise.
  • La coopération entre pairs : les travaux de groupes sont favorisés, quelles que soient les  disciplines. Les bénéfices sont nombreux : développer le dialogue, la  capacité d’organisation, le sens du respect et de la solidarité, l’autonomie et la responsabilisation.
  • L’organisation coopérative de la classe : les entretiens du matin et les nombreux temps d’échange collectifs permettent l’élaboration des règles de vie commune, la régulation des  conflits, la mise en place de projets, le partage autour des travaux  réalisés.
  • La place de l’enseignant : l’autorité n’est plus considérée comme incontournable pour la  transmission des connaissances et l’enseignement n’est plus basé sur une relation hiérarchique. L’enseignant est là pour accompagner et donner aux enfants les moyens de se construire un savoir personnel. Il peut  même déléguer certaines de ses responsabilités aux élèves.
  • L’expression libre : dessin, peinture, textes, expression orale ou corporelle… il ne s’agit  pas d’imposer un sujet ou un modèle à l’enfant. Pour produire, il va  puiser dans ses propres ressources créatives, choisir les sujets et les émotions qu’il souhaite exprimer.
  • L’évaluation formatrice : Célestin Freinet contestait le principe de l’évaluation finale certificative et des  examens qui apparaissaient comme l’objectif unique de l’enseignement. L’évaluation doit être formatrice et valoriser les progrès de l’enfant.
  • Un aménagement de l’espace conçu pour favoriser la coopération : l’organisation spatiale d’une classe est intimement liée à la pédagogie mise en œuvre. Avec la pédagogie Freinet, la classe est généralement découpée en 4 aires : celle du travail en groupe, celle de la classe entière, plutôt en cercle, celle de la recherche d’informations (ordinateurs, fichiers…) et enfin la bibliothèque/médiathèque. [2]

Mais mettre en pratique une pédagogie alternative ne se fait pas seul. Il faut, au contraire, être soutenu par une équipe éducative, une direction ou un PO pour retrouver l’énergie nécessaire. Il faut avoir et prendre le temps de construire ensemble et d’assimiler certaines expériences. Mission impossible en étant remplaçant.

Ma première erreur a été de rechercher seul les ressources nécessaires à la mise en place d’une pédagogie alternative dans les écoles dites « en difficulté » (puisque c’est là qu’il fallait boucher les trous principalement). Ultra motivé et un peu trop idéaliste, je n’avais que très peu de ressources pour chercher du soutien et des conseils. En effet, peu de gens autour de moi semblaient enclins ou disponibles pour m’apporter l’aide nécessaire.

« Si les enseignants tentent d’appliquer cette utopie, les élèves incapables d’entrer et de s’adapter à ce modèle sont condamnés à l’exclusion scolaire. A contrario, si l’enseignant en phase d’insertion professionnelle accepte la réalité et tente de s’y conformer, celui-ci devra gérer la tension naissante entre l’enthousiasme de faire son entrée dans la profession et les difficultés rencontrées sur le terrain qui induisent des émotions négatives. (…) La manière dont est reçu le nouvel enseignant par ses collègues et l’école orientera sa carrière. L’entente générale au sein du corps enseignant, le mantra de l’école ou encore l’intervention institutionnelle peut ou non faciliter cette socialisation. C’est l’ensemble de ces paramètres qui pousseront les enseignants à changer d’école pour une autre, ou plus radicalement de carrière ». [3]

Changer de Pouvoir

En 2010, je déménage à Huy et je fais le choix bien réfléchi mais lourd de conséquences de « changer de PO ».

Pour les non initié·es, un petit mot d’explication : au début d’une carrière dans l’enseignement, l’inscription dans un réseau est nécessaire. Soit le libre subventionné, soit l’officiel subventionné, ou encore celui organisé directement par la FWB. [4] A priori, il n’y a pas de transfuge possible (pire, vous pourriez, comme moi, vous voir refuser l’entrée dans des classes ou des écoles en ne faisant qu’évoquer la possibilité de travailler dans un autre réseau). Si vous faites le choix de travailler dans l’officiel subventionné, vous allez travailler pour un Pouvoir Organisateur qui est souvent une commune ou une province.

Le parcours d’un·e jeune enseignant·e se calcule alors en « jours prestés ». A la clé, la fameuse nomination. Après 360 jours prestés dans le même PO, vous devenez prioritaire. Après 600 jours, vous êtes nommable. Après ça, alea jacta est [5], cela dépend des emplois vacants et de la bonne volonté des instances dirigeantes du PO. La course donc, la concurrence même. La chaise musicale peut alors commencer : certain·es se poussent pour  prendre une place libre quand d’autres font des courbettes auprès des  directions et échevin·es concerné·es. Une ligne droite ascendante à grimper, un seul chemin ; celui vers le Graal.

« Le jeune enseignant débute par des périodes d’intérims qui se succèdent, se chevauchent, il doit bien souvent donner cours dans plusieurs écoles à des publics et des groupes d’âges différents. Il est donc sans sécurité d’emploi pendant une longue période. Même s’il est performant, bien évalué, apprécié de tous, il n’en gagnera pas pour autant une assurance d’être réengagé à la rentrée scolaire suivante. Le processus d’acquisition de la nomination pose aussi problème dans la mesure où il laisse l’enseignant débutant sans sécurité d’emploi pendant une longue période. Dans le meilleur des cas, il pourra être nommé en trois ans. Il est aussi à la merci des mutations et des priorités. Il existe d’ailleurs certaines inégalités en la matière selon les relations que l’on entretient avec la direction et le PO. Des enfants ou parents de PO ou d’enseignants dans l’établissement ont bien plus souvent accès à la place ou à la nomination. Des recours sont régulièrement introduits par les enseignants. » [6]

J’ai donc fait l’erreur de « changer de PO » en déménageant à Huy. J’imaginais, un peu naïf, qu’il était plus logique de travailler près de mon domicile, de vivre là où je travaillais, d’autant plus dans un secteur comme celui-là. Je ne m’imaginais pas faire les trajets (en moyenne 100 km/jour) pour continuer à travailler à Liège. C’est ainsi que je me suis retrouvé à nouveau au bas de l’échelle, à collectionner des jours prestés dans les écoles de la ville de Huy.

Deuxième erreur.

Burn out

Après 14 ans de remplacement, j’étais éreinté. Le spectre de l’effondrement des services publics qui planait au-dessus de la plupart des écoles où j’avais travaillé ne cessait de me hanter. Cette terrible dynamique qui est à l’œuvre depuis de nombreuses années dans des institutions telles que l’école ou l’hôpital, induit de manière sournoise un malaise imperceptible chez les gens qui, comme moi, ont pu croire en la nécessité de travailler pour le bien commun dans ces services publics.

Pour faire une histoire de la lente agonie des services publics et de leur « restructuration », il faudrait rappeler leur remise en cause progressive et les multiples privatisations qui ont eu lieu au fil des décennies. De la déstabilisation financière à la mise en concurrence en passant par le discrédit des agents publics, les méthodes varient pour arriver aux réformes statutaires qui les ont vidé de leur substance. La privatisation des services publics en Europe commence dès les années 80 et se réalisera en différentes étapes :

  • Avec la directive du 25/06/1980, la Commission européenne va s’octroyer le droit de contrôler les relations financières existant entre les États et leurs entreprises publiques, pour voir si les États respectaient les règles de concurrence, situation tout à fait discriminatoire par rapport au secteur privé. C’est par ce biais, au nom d’une politique de contrôle des aides d’État, que la Commission imposera diverses privatisations. Le grand marché de 1985 ne fera que systématiser et généraliser un état d’esprit déjà bien en place [7] ;
  • En 1985, Jacques Delors, alors Président de la Commission européenne, annonce vouloir un « grand marché » pour l’Europe et l’écriture du traité de Maastricht se fait sur la base d’un glissement sémantique ; on ne parlera plus de Services Publics mais de Services d’Intérêt Économique Général (SIEG). Or « le passage de service public à service d’intérêt économique général témoigne de la construction d’une société pensée comme « un marché à gérer en commun », à l’intérieur duquel serait fortement réduite l’intervention de l’État, et où le premier principe politique serait la libre concurrence. Ceci marque donc clairement la fin du modèle politique d’un État qui intervient pour défendre l’intérêt général contre les intérêts privés. En clair, cette construction européenne détruit les services publics » [8] ;
  • Comme le souligne très bien l’analyse d’Olivier Starquit pour Barricade,cette offensive contre les services publics n’émane pas uniquement de l’Union européenne mais aussi de forces mondiales qui seront représentées entre autres par l’Accord général sur le commerce des services (AGCS), qui instituera plus tard l’Organisation Mondiale de Commerce (OMC). [9]

Après toutes ces années de remplacement, d’incertitudes, de court terme, de bouchage de trous, de périodes de chômage à répétition, mais aussi de classes compliquées, d’enfants ou de situations difficiles, de recherches d’alternative à un système d’enseignement classique qui ne fonctionne pas, de parents incompréhensifs parce qu’eux mêmes ont mal vécu leur expérience au sein de l’école, après tout ça, un jour, le corps lâche. Les oreilles sifflent, la gorge gonfle, les poumons rétrécissent, la boule d’angoisse dans le sternum brûle, le cerveau ne répond plus. Le médecin prononce le mot burn out. [10]

« Cette fatigue intense émane de la frustration éprouvée lorsque le travailleur ne parvient pas à résoudre un conflit. Celui-ci peut être issu de la charge administrative conséquente, les relations entretenues avec ses pairs, la gestion individuelle ou encore la gestion de la classe toute entière. Il tente de s’adapter mais cela reste une épreuve très énergivore. S’il ne parvient pas à trouver de solution, l’échec engendre du stress et un sentiment d’incompétence. Il s’ensuit une baisse importante de la motivation et de l’estime de soi ». [11]

Alors on se demande comment recommencer à la rentrée de septembre ? D’abord en réduisant la charge de travail en n’acceptant que des temps partiels (ce qui est techniquement interdit par l’ONEM). Puis on se résigne à changer de boulot. Changer du tout au tout, se « réinventer » comme « on dit ».

Je comprends les jeunes enseignant·es qui abandonnent ce secteur. J’aurais peut-être dû le faire avant de craquer parce que le burn out laisse des traces indélébiles dans le corps et la psyché.

Troisième erreur.

Perte de valeur sociale

Le métier semble socialement désinvesti ; non pas financièrement [12], mais plutôt en terme de « croyance ». « Plus personne n’y croit », et ce principalement pour deux raisons complémentaires, corrélées à ce spectre de l’effondrement des services publics dont je parlais plus haut :

  • La réussite scolaire n’est plus synonyme d’accès à l’emploi : l’école n’est plus la porte d’entrée à un avenir professionnel. Le système scolaire perd, dans son ensemble, sa légitimité car il n’est plus la seule source d’instruction.
  • L’image de l’enseignant·e a perdu de sa valeur : l’image et le statut social de l’enseignant· ont évolué, il-elle n’est plus en tête de peloton de la réussite sociale comme c’était le cas auparavant. Cette évolution sape son autorité et sa légitimité. Il y a également une « crise de confiance » latente entre le corps enseignant et les parents, crise qui induit le fait que chacun pense que l’autre poursuit ses propres intérêts. On ne voit plus clairement d’intérêt commun. [13]

Le métier est-il amené à disparaître ? Peut-être, mais pas tout de suite selon moi. Nos enfants et nos petits enfants ont et auront besoin, à moyen terme, de personnes pour former les jeunes afin qu’ils soient prêts pour le marché de l’emploi, mais aussi de gens qui s’occupent de nos gamins pendant que l’on travaille. A moins qu’un ou plusieurs écrans puisse(nt) suffire ?

Il est indéniable que le métier s’est fortement transformé ces dernières décennies. C’est à ce titre que l’Unesco, à travers l’expérience de la pandémie de Covid, a annoncé que la mutation numérique de l’éducation s’accélérait et que l’enseignement et l’apprentissage se déplaçaient de plus en plus vers des espaces virtuels. [14] Les formes d’enseignement changent, elles se transforment comme le reste ; nos habitudes alimentaires, notre relation au travail, à la communauté… Tout change de manière globale et ce au gré du marché et de l’industrie et pas l’inverse, malheureusement.

Je crois personnellement à la nécessité d’un espace temps qui permette la construction collective de savoirs (peut-être plus que leur transmission). Je n’imagine pas un futur proche sans écoles, comme je n’imagine pas un futur proche sans supermarchés. Ce qui ne m’empêche pas de participer à la création de groupes d’achats communs, de ceintures alimentaires [15], ni même de réfléchir à une bio-région autonome en approvisionnement alimentaire… Il serait peut-être pertinent d’en faire autant en ce qui concerne l’institution scolaire ? Je ne suis pas personnellement attaché à cette forme d’institution vieillissante qu’est l’école mais je pense qu’il est nécessaire de chercher d’autres configurations de cet espace temps pour envisager la construction collective de savoirs.

Alors que faire ?

Je ne dispose malheureusement pas de baguette magique. Mais je pense qu’en parallèle d’une recherche d’alternatives dans les pratiques du métier, il est indispensable que le monde politique débloque de nouveaux moyens, et pas que financiers. La pénurie d’enseignant·es n’est pas un phénomène nouveau, et elle est bien le signe d’un désengagement du politique [16] qui a débuté dans les années 90, à l’origine de ce fameux spectre de l’effondrement des services publics.

A l’instar des chercheur·ses cité·es précédemment et de nombreux sites spécialisés sur la question [17], j’estime que de nouveaux moyens doivent être mis en place tels que :

  • Différentes formes d’accompagnement des jeunes enseignant·es : programmes de soutien, aides juridique et psychologique, supervisions, moments dédiés à l’échange entre pairs, enquêtes sur les facteurs de stress, système de mentorat/tutorat, bref, une attention particulière doit impérativement être portée à cette catégorie de travailleur·euses ;
  • Un meilleur accueil pour les nouveaux arrivants : simplifier la recherche d’emploi en aménageant une plateforme commune à tous les réseaux et établissements, revoir le système de nomination afin de le rendre plus vite et plus facilement accessible, par toutes et tous, de manière équitable. L’ajout d’un stage de longue durée au cursus de base, qui vient d’être allongé à 4 ans ;
  • Une revalorisation salariale.

C’est certainement la complémentarité de ces solutions qui pourra engendrer un cercle vertueux. Mais c’est surtout la volonté, l’énergie et la motivation pour changer de paradigme qu’il manque, probablement plus que de moyens. Comme quoi les spectres s’invitent toujours à nos tables…


[1]  Citée dans la revue de la Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente : Fillon, T. (2024, octobre). Pénurie professorale. Éduquer, (188), p.9.

[2] https://www.classe-de-demain.fr/accueil/education/comprendre-la-pedagogie-freinet-en-10-points-cles

[3] Flament, M., (2022). L‘abandon des nouveaux enseignants dans le secondaire endéans les 5 ans en Belgique francophone, Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication, UCLouvain, 2022. p.17. Flament_67551800_2022.pdf http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:34500

[4] Exemples : Dans le réseau libre subventionné, on retrouve notamment les écoles catholiques, qui sont subsidiées par la FWB mais organisée par un pouvoir organisateur (souvent une ASBL liée à une paroisse). Dans le réseau officiel subventionné, on retrouve les écoles communales, elles aussi subsidiées par la FWB mais organisée par un pouvoir organisateur, ici une commune. Enfin, dans le réseau organisé directement par la FWB, on retrouve notamment certains athénée.

[5] Alea jacta est est une locution latine signifiant « le sort en est jeté », ou « les dés sont jetés », que Jules César aurait prononcée avant le passage du fleuve Rubicon. .

[6] Floor, A., (2011). Jeune enseignant, pourquoi tu pars ?, Analyse UFAPEC, N°27.11, pp. 2-8.

https://www.ufapec.be/files/files/analyses/2011/2711-abandon-enseignant.pdf

[7] Gobin, C. (2004) L’Union européenne et la mort des services publics. Econosphèreshttps://www.econospheres.be/L-Union-europeenne-et-la-mort-des

[8] Starquist, O.(2011). La destruction des services publics.  Analyse Barricades p.5 . https://www.barricade.be/sites/default/files/publications/pdf/olivier_-_destruction_des_services_publics.pdf

[9] Philippe Marlière, La social-démocratie domestiquée, Bruxelles, Aden, 2008, p. 61.

[10] Après l’évocation par mon médecin du terme burn out, j’ai dormi quasiment deux semaines d’affilée, je n’ai plus côtoyé qui que ce soit pendant un mois et ma gestion du stress est devenue mission impossible pendant plusieurs semaines. L’Organisation mondiale de la santé définit l’épuisement professionnel  comme « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et  d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail ». Source : https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/burn-out-epuisement-professionnel.html

[11] Flament, M, Ibidem.

[12] La Belgique fait partie du top 5 des pays dont les dépenses dans l’enseignement sont les plus élevées en Europe. Source : https://education.ec.europa.eu/sites/default/files/document-library-docs/et-monitor-report-2019-belgium_fr.pdf

[13] Floor, A. (2011), Op.Cit., p.3

[14] https://www.unesco.org/fr/futures-education/digital-learning-futures

[15] Les Groupes d’Achats Communs (GAC) sont des groupes de personnes qui se réunissent régulièrement pour acheter ensemble des produits de qualité directement aux producteurs et transformateurs locaux. Une ceinture alimentaire est un projet d’organisation territoriale développant des rapports de production, transformation, distribution et consommation en circuit court, de sorte que la population locale concernée atteigne progressivement la souveraineté alimentaire.

[16] Mazzotta, A. (2024). Quand les profs ne sont pas là, les élèves dansent. Même pas vrai ! Analyse FAPEO 07/2024, p.4.

[17] Différentes analyses et études de la FAPEO et de l’UFAPEC notamment.

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