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Mystère à la M.J.

Comment résister à la tentation d’introduire ce préambule sans évoquer  frontalement  le concept  global qui sous-tend ce projet ? – La Belgique vue par elle-même – Rien que le titre donne envie… Et fait fantasmer ! Ne serait-ce que par son côté fenêtre sur cour ou sortie par la porte de service, ou encore la concierge est dans l’escalier… (ou […]

Comment résister à la tentation d’introduire ce préambule sans évoquer  frontalement  le concept  global qui sous-tend ce projet ?

– La Belgique vue par elle-même –

Rien que le titre donne envie… Et fait fantasmer !

Ne serait-ce que par son côté fenêtre sur cour ou sortie par la porte de service, ou encore la concierge est dans l’escalier… (ou ce que l’on voudra comme approches transversales du quotidien belgicain).
C’est pourquoi, lorsque l’asbl d’Une Certaine Gaieté nous a invités à intégrer ce projet, d’emblée  il est apparu évident que nous devions en être. Et donc, comme l’atteste les pages qui suivent, nous en fûmes.

Notre motivation première, élémentaire, s’est logée là : dans l’énoncé de l’intitulé. Pour ce qu’il induit de banal comme de saugrenu, pour son potentiel de vérités prismatiques sectorielles, forcément nombrilistes, mais aussi pour ce qu’il charrie de regards obliques, d’incongruités où d’absurdités – en résumé, pour sa portée imaginaire paradoxale.

Cet enthousiasme a suscité discussions et réflexions à l’interne. En substance, cela se présentait plutôt bien. Mais qu’allait-il se passer sur le terrain ?

A l’heure où l’image formatée et le marketing forcené façonnent de plus en plus les comportements, conditionnent les esprits et régissent jusqu’aux rapports sociaux, le projet qui nous occupe  est

apparu, aux yeux de tous, comme une bouffée d’air frais. Chacun étant invité à (re)découvrir et à réfléchir à des morceaux de vie, à des bouts d’univers du quotidien, sans intention ou projection voyeuriste, bref : à prendre la parole sur du fondamental.

Pourtant, nous nous devions d’avancer prudemment face à une conjoncture où s’exposer aux yeux du tout venant semble désormais une norme, voire une valeur en soi. L’acte d’ostentation vaut autant que ce qui est montré(1, sinon davantage. Ces phénomènes, plus ou moins communément  (confusément ?) admis, ne pouvaient que faire débat avec nos jeunes membres, avant toute formalisation et mise en chantier du projet.

Nous avons discuté des tenants et des aboutissants (le pourquoi faire), de l’importance du sens  et de la nécessité du discours mais aussi de sa relativité critique, dans un contexte de surexposition médiatique, …

Enfin, il s’est avéré que les jeunes en présence, de concert avec les animateurs, souhaitaient refléter certains aspects de leur réalité en M.J., à travers une histoire empreinte d’humour et de légèreté.
Nous avons donc choisi de traiter, en souplesse,  des préjugés – y compris les nôtres au passage – c’est-à-dire d’aborder l’image(2) … par l’image.

Ce postulat posé, nous sommes passés à l’action.

Enfin, précisons que cette démarche a réuni pour la circonstance – et pour la première fois – deux  centres de jeunes aux réalités contextuelles différenciées, ne serait-ce que par leur situation géographique(3). Il en résulte une sorte de conte débité, nous semble-t-il, sans étalage d’auto-complaisance, ni surenchère superfétatoire.
Qui sommes-nous, que faisons-nous (où, l’action socioculturelle en Maisons de Jeunes) ?

La politique d’action du secteur Centres de Jeunes  place le « sujet » au cœur du projet.

Son objectif général consiste à favoriser l’éclosion de l’expression, sous toutes ses formes, en élaborant les conditions de sa mise en œuvre et de son développement.
Cependant, nos pratiques ne s’arrêtent pas là. Les Centres de Jeunes ne sont pas une fin en soi pour leurs « usagers » : les contacts, les passerelles, les traits d’union vers l’extérieur, en résumé la socialisation des projets jeunes et leur (re)connaissance extra muros, traduisent une orientation volontariste assumée par notre secteur.
Il nous appartient de relayer, de valoriser la parole jeune dans sa dimension citoyenne et d’accompagner le geste en configurant des espaces d’émergence – voire d’urgence – spécifiques à leur accomplissement.

Sans oublier d’y intégrer la distance et le décalage nécessaires à l’expression, la plus aboutie possible, des intelligences individuelles et collectives .

En fin de compte, la démarche globale des Centres de Jeunes démontre un  « esprit d’entreprise », au sens noble et créatif du terme, en écho à ici, maintenant… pour demain ! Ce qui suppose une vision émancipatrice de l’action socioculturelle, capable d’investir l’espace public en préfigurant l’acteur responsable en devenir..

Christian Derwa

D’une Certaine Gaieté (D1CG) est un foyer contre-culturel itinérant fonctionnant comme un incubateur des discours et pratiques minoritaires. ​
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