L’irrévérence prend ses quartiers au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris avec un étonnant week-end spécial Cirque Divers, s’inspirant de l’état d’esprit de ce lieu avant-gardiste, fondé par Michel Antaki, Jacques Lizène, Jacques Jaminon, Jean-Marie Lemaire et Brigitte Kaquet à Liège, qui a accueilli de nombreux spectacles, rencontres, débats et performances, de 1973 à 1999.
C’est sous la houlette de Michel Antaki et, dans un décor, hétéroclite et destructuré, que le Centre Wallonie-Bruxelles de Paris propose un programme de concerts, conférence, rencontres, projections, spectacles…
En amont de chaque événement, le public sera invité à jouer au quotidien …
Salle de spectacle du CWB – 46, rue quincampoix 75004 Paris (Metro Rambuteau, Hotel de Ville, Chatelet-les-Halles)
Dans le Jardin du Paradoxe et durant les événements
Théâtralisation du quotidien : Venez sur scène…
* Vous faire couper les cheveux par un coiffeur
* CHATer sur vos réseaux sociaux préférés, retransmis sur écran
* Réchauffer vos plateaux-télé au four à micro-onde
Vendredi 18 mars – 20h
Greg Houben, Sam Gerstmans, Quentin Liégeois sont issus de cette nouvelle génération de jazzmen, particulièrement ouverte aux différentes périodes de l’histoire du jazz, à l’opposé des musiciens qui, il y a une quinzaine d’années, sortaient des écoles avec pour références principales Pat Metheny, Keith Jarrett ou Aka Moon. Ainsi, le Greg Houben Trio interprète le jazz des années 50/60 avec une authenticité bouleversante et puise notamment son inspiration chez Chet Baker.
Si leur répertoire est composé de chansons et de standards de jazz joués sans fioriture, le trio développe aussi un langage personnel, imprégné de toutes les expériences passées, enrichi de compositions originales de Greg Houben et de Quentin Liégeois. Une musique souvent au fil du rasoir, un jazz d’hier et d’aujourd’hui dans lequel ni l’émotion ni la mélodie ne se laissent submerger par les prouesses techniques et les méthodes compositionnelles abstraites.
Greg Houben, trompette, bugle, chant – Sam Gerstmans, contrebasse – Quentin Liégeois, guitare. Entrée libre.
Samedi 19 mars
Projection, table-ronde, spectacle Cabaret
projection LES FOUS DU ROI – 18h
Documentaire réalisé par Richard Olivier
En sa présence
(Belgique – 1993 – 16mm – 57 min.)
Scénario et réalisation : Richard Olivier – Image: Jean-François Boucher, Alain Marcoen, Michel Mernier – Son : Jean-Claude Douley, Jacques Nisin, Frans Wentzel – Montage : Pilar Morales – Directrice de production: Monique Licht. Production : Olivier Films, CBA, RTBF, avec l’aide du Centre du cinéma et de l’Audiovisuel de la Communauté française de Belgique
Le réalisateur part à la rencontre de différentes personnalités du monde culturel belge, en grande partie liégeois, et filme les démarches artistiques d’André Blavier, Jan Bucquoy, Marcel Broodthaers, Isy Brachot, Sébastien Evôye, Jacques Lizène, Serge Poliart et André Stas. Leur trait commun : un esprit subversif, un humour décalé, volontairement ou involontairement surréaliste.
Comme l’affirme André Stas plein de sagesse : « Quand on n’reste pas fou, on devient dingue ».
Le film apparaît comme une méditation subtile sur les rapports entre l’art, la vie et l’ennui. Sur la bêtise et la liberté. Sur l’humour et l’incompréhension mutuelle. In Télé Moustique. Michel Lambert
Documentariste à la tête d’une longue filmographie qui se décline comme un jeu de l’oie sur la Belgique, Richard Olivier n’arrête pas de fixer sur pellicule les curiosités, les révoltes, les coups de gueule ou de tendresse que lui inspire ce pays secret qui dissimule son identité, en cultivant un folklore où l’autodérision le dispute aux nunucheries kitsch de tout acabit. J.-M. Vlaeminck in Cinergie.be. Son projet le plus récent s’intitule BIG MEMORY et rassemble les portraits de 175 cinéastes belges, la devise de Richard Olivier étant « Tourner pour ne pas mal tourner ».
Entrée libre.
table-ronde « Liège ville impertinente; le tournant des années 70» – 19h
La ville de Liège en Belgique a pris une part plus importante qu’on ne le croit dans le mouvement. Par ses grèves de 60-61 (à certains égards le vrai mai 68), et aussi par une sorte de big-bang culturel dont les effets se prolongent aujourd’hui. Plusieurs personnalités, ayant participé à l’aventure de mai 68 à Liège et à Paris, témoigneront de l’extraordinaire vitalité de cette époque, à l’occasion de la présentation de la publication Le tournant des années 70, Liège en effervescence. Jacques Dubois, co-auteur avec Nancy Delhalle et Jean-Marie Klinkenberg de cet ouvrage, mettra en relation la révolution de « mai 68 » et ses conséquences sur les années septante.
Parmi les invités : Jean-Marie Klinkenberg, Yves Frémion, rédacteur à Fluide Glacial, et ses amis : l’éditeur Laurent Chollet, et les écrivains Jean-Pierre Bouyxou et Jacques Vallet. Deux dessinateurs illustreront également le propos avec des affiches et dessins de l’époque, Gibbon pour la Belgique et Willem pour la France. Entrée libre.
spectacle Le MAMA ROMA SHOW – 21h
Le MAMA ROMA SHOW est plus qu’un spectacle de travestis ordinaire. Il est un des seuls à être considéré en Europe comme une véritable troupe de théâtre, avec un répertoire personnel, à l’humour ravageur et à l’autodérision très… belge.
Il ne cultive pas l’ambigüité propre aux travestis classiques, et s’écarte volontairement des clichés. Basta les imitations plates et insipides. Quand il y a modèle, c’est toujours avec décalage, la recherche et le point de vue décapant, déconstruisant et recréant des situations invraisemblables, provoquant une crispation zygomatique garantie !!
Le MAMA ROMA SHOW s’est beaucoup produit en Belgique (Théâtre du Trocadéro et Festival de Théâtre à Liège, Festival du Film Fantastique de Bruxelles), en France (Saint-Brieuc, Nantes, Saint-Tropez, Paris…), en Allemagne (Gay Pride devant 40.000 spectateurs …), en Guadeloupe et St-Martin, aux USA (New York, San Francisco et Los Angeles), etc… totalisant plus de 3.700 représentations depuis sa création en 1973.
Création collective de : Joséphine XIV, Valentine De Luxe, Lazlo Dulac, Gladyce Bèche-Relle
Lundi 21 mars – 20h
Rencontre littéraire : Hommage au poète Jacques Izoard
Soirée animée par l’écrivain et critique littéraire Carmelo Virone, qui reçoit plusieurs personnes ayant fréquenté Jacques Izoard.
Jacques Izoard (1936-2008) est considéré comme un important poète de langue française d’aujourd’hui, à la renommée internationale. Il a publié plus de soixante livres de poésie, alliant la description minutieuse d’une réalité quotidienne et familière et les tourments d’un esprit et d’un corps passionnés, parfois même violents, mais aussi doucement blasés.
Animateur de multiples rendez-vous littéraires à Liège (notamment lors de mémorables Nuits de la poésie au Cirque Divers), il aimait passionnément séjourner tactilement « en ces régions où tout est à portée de main, à proximité des choses et de leur double de langage, parvenant à faire surgir la totalité du monde à partir d’un détail » (René de Ceccaty). William Cliff a salué son œuvre comme « une entreprise de rafraichissement continuel de la langue ».
Participation notamment de : René de Ceccatty (écrivain et essayiste), Françoise Favretto (éditrice, Atelier de l’Agneau), Colette Lambrichs (éditrice, La Différence) Antonio Moyano (écrivain), les poètes Joseph Orban, Salah Stétié et Antoine Wauters. Entrée libre.
Un bout d’histoire
Le Cirque Divers naît à Liège, en plein cœur du quartier d’Outremeuse, dans la deuxième partie des années 70. Une période que ses fondateurs qualifièrent dans leur manifeste de « creux de vague, signe d’une crise économique saine ». Cabaret-théâtre-galerie, scène parallélo-politique coloriée, Jardinier du Paradoxe et du Mensonge Universels : le Cirque Divers était tout cela. Pendant 22 ans, le Cirque a été une scène ex-centrique pour toutes les avant-gardes — artistiques, littéraires, théâtrales, politiques de Liège à New-York. Un entonnoir-couloir où les rencontres se soudaient en une goutte.
Dès sa création, et trente ans avant que, sous d’autres formes et avec d’autres objectifs, la téléréalité n’offre en pâture aux téléspectateurs des huis-clos thématiques, le Cirque Divers inscrivait sa démarche dans la théâtralisation du quotidien. Une banderole proclamait : « Cirque Divers partout à toute heure », soulignant ainsi la gravité nue du « théâtre de la vie », ce théâtre de tous les instants, de tous les futiles, de tous les éphémères. Cet ensemble mouvant, en perpétuelle métamorphose, dont chaque pièce, même la plus minime, est d’une importance grave. D’où la nécessité d’être en permanence « d’une certaine gaieté ».
« VENEZ FAIRE SUR LA SCENE CE QUE VOUS FAITES DANS LA VIE ! » clamait le Cirque. Où l’on pouvait voir… une coiffeuse en train de couper les cheveux, un couple en train de faire l’amour, un homme ou une femme en train de prendre son bain, quelqu’un sur un lit de mort exprimant ses dernières volontés… autant de gestes quotidiens importés dans l’atemporalité de l’espace scénique. Une forme d’éternité dans l’instant dont nous parlait Baudelaire.
Ce quotidien porté sur scène s’ancrait dans une vision où l’art et la vie, la vie et l’art, ne sont pas des entités séparées mais constituent une seule étoffe aux fils inextricablement mêlés.
L’art EST la vie et la vie EST l’art, partout et tout le temps.